Sur les traces du passé

Jeune maman, j’ai habité dans le XVIIème arrondissement de Paris. Le plus proche parc était loin, mais cela ne me faisait pas peur. J’emmenais donc, quand mes études le permettaient, mon « bébé en poussette » au Parc Monceaux. Depuis, je suis souvent passée devant ce parc, mais n’y était jamais retournée. Aussi la visite au Musée Cernuschi fut-elle l’occasion de le revoir. A vrai dire, je ne me le remémorais pas du tout tel qu’il est : je le voyais plus vaste, plus « sauvage », moins cerné d’immeubles. Mais il offre cependant quelques sources de belles surprises, et surtout d’étonnement.

Ainsi, par exemple, j’ignorais cet épisode de l’histoire de l’aéronautique.

C’est bien un parachute que vous voyez sur la plaque. Pourquoi? Tout simplement parce que c’est ici qu’atterrit le 22 octobre 1797 le premier parachute. Je me suis demandé (et vous aussi, peut-être?) comment on pouvait faire du parachute alors qu’il n’y avait pas d’avion… et pourquoi? Réponse 1 : en sautant d’une montgolfière. Réponse 2 : pour permettre aux habitant-e-s d’un immeuble en feu de sauter en sécurité. Il paraît que, ce jour-là, il y avait foule au Parc Monceau, pour voir s’écraser le téméraire. Mais Jacques André Garnerin s’en sortit indemne, ou presque : une entorse.

« Il monte à 700 mètres d’altitude à bord d’une montgolfière puis fait exploser le ballon. La corbeille à l’intérieur de laquelle il se tient descend alors, simplement accrochée à une voilure.L’aérostatier arrive au sol sain et presque sauf, avec une entorse à la cheville. »

Mais la suite de l’histoire est étonnante…

« En 1799, c’est au tour de sa femme de tenter et réussir l’exploit ! Le 11 octobre 1802, elle dépose le brevet du parachute au nom de son mari, après que celui-ci a amélioré la stabilité de son engin. » (source)

Puisque j’en suis à vous parler d’histoire, un peu de toponymie? Je me suis demandé qui était « Monceau » ou ce qu’était « Monceau ». Or ce nom serait en réalité une déformation de « Mousseaux », nom du village sur lequel il a été créé (source). Mais comme il est situé face à la ville de Batignolles-Monceaux, il en aurait pris le nom. Attention cependant, je ne connais pas le sérieux de la source. Mais allez lire ce passage, à défaut de l’ouvrage, il en vaut la peine. Merci, Gallica!

La nature est très en avance encore cette année, et les fleurs sont déjà bien épanouies en cette mi-février. Malheureusement, le soleil n’est pas là pour sublimer les couleurs…

J’ai tenté de photographier une curiosité : un tronc tordu comme un linge qu’on essore. Pas très réussi, mais je vous le montre quand même.

Guère mieux réussie, mais j’aime cet arbre, un saule pleureur fait figure de statue.

Je ne dirais pas que ce parc est magnifique. Mais il est étonnant à plus d’un point de vue. D’abord parce qu’il est littéralement prisonnier, encerclé par des immeubles. Pas un point de vue sans l’un d’eux. Certes, leur architecture est parfois belle…

L’un d’entre eux m’a interpellée. Je pensais à un édifice ultra-moderne. mais en y regardant de plus près, ce sont des travaux qui sont en cours, bien dissimulés derrière des panneaux d’une blancheur éclatante.

A l’intérieur, un seul bâtiment, une rotonde.

Elle faisait partie du Mur des Fermiers Généraux, datant d’un peu avant la Révolution. C’est l’une des 7 enceintes successives de Paris, aujourd’hui élargi en particulier par les « Bois » (surface plus claire ci-dessous).

Long de 24 kilomètres, ce mur fut détruit en 1860. Sans regret pour les Parisien-ne-s, à qui il évoquait surtout l’impôt fort décrié, sur les marchandises entrant dans la ville : « Le mur murant Paris rend Paris murmurant. »

Une autre construction étonne dans ce parc (je vous passe la pyramide et autres ornements…), mais, cette fois, l’effet est assez réussi. Oubliez l’horrible immeuble derrière, et concentrez-vous sur le bas de la photo.

La colonnade fait un peu « déplacée ». Normal : elle le fut. Elle provient de la Basilique Saint Denis, où Catherine de Médicis avait imaginé la Rotonde des Valois pour honorer son époux.

Le bassin qu’elle borde porte un nom surprenant : la Naumachie. Traduction pour les non-héllénistes : bataille navale (pas le jeu, la guerre). Pourquoi? Mystère…

Puisqu’on en est aux « mystères », en voici un autre : que fait ici cette étrange composition? une fermette en bois, et des animaux faits de bric et de broc. Et une échelle bizarre, comme vous allez le constater.

Mais ce qui m’a le plus choquée, c’est la représentation de la Femme dans la statuaire du Parc. Littéralement toujours aux pieds de l’Homme. Alanguie, admirative ou séduite, mais toujours à Ses pieds. Je vous laisse en juger par vous-même (la photo 2 n’est pas de moi) : dans l’ordre, Edouard Pailleron, Guy de Maupassant, et, le comble, Chopin. Et Gounod a même droit à trois femmes (vous me direz : les Muses?) !

Promenade au parc Suzanne Lenglen

Le Parc Suzanne Lenglen abrite non seulement de nombreux espaces sportifs, allant du club de pétanque aux courts de tennis couverts ou non et aux terrains de tous les sports collectifs possibles, mais aussi une ferme pédagogique bien évidemment tournée vers le « bio », avec un « Jardin des Saveurs », notamment. Elle prône donc l’attention à la nature, dans une vision très écologique. A ce titre, on trouve des espaces de culture, comme celui qui est actuellement littéralement « empaillé ».

Lors des périodes de production, les fruits et légumes naissant ici sont vendus sur place. En hiver, ce sont des productions du Vexin qui y sont écoulées, chaque jeudi en fin d’après-midi.

Pensons à la pollinisation… Quels êtres nécessaires? les abeilles, bien sûr!

Sus à l’oligarchie et à la méritocratie! Les autres insectes sont tout aussi concernés, et ont droit à leur hôtel particulier…

En complément de ces alliances Homme-Nature, des explications sur les espèces végétales présentes sont parfois apportées. Tel est le cas de toutes les affiches qui nous apprennent tout ou presque sur les arbres et arbustes plantés. Et c’est là que ça se gâte.

Non seulement les termes « techniques », le « jargon », ne sont pas explicités, mais en outre on dénombre de nombreuses erreurs d’orthographe sur les panonceaux destinés non seulement aux promeneurs/euses, mais aussi aux charmant-e-s bambin-e-s qui fréquentent les lieux – sans compter les élèves en sortie scolaire ou les centres de loisirs…

Peut-être sait-on ce qu’est « l’humus », ce que signifie « calorifique », mais qui sait ce qu’est un « bois de tête »? Quels enfants d’Issy les Moulineaux connaissent les « jougs »? Passe encore. Mais qui, parmi vous, connaît le sens de « fastigié »?

« BOT. [En parlant d’une plante, d’une inflorescence] Caractérisé par des ramifications dressées verticalement et formant un faisceau. Fleurs fastigiées, rameaux fastigiés (Ac.1835-1932).Des ifs noirs et des pins fastigiés en cônes (Pommier, Océanides,1839, p. 103).Cognassier, taxodier fastigié (Gressent, Créat. parcs et jardins,1891, p. 207, 292).

Prononc. et Orth. : [fastiʒje]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. [1781 d’apr. Bl.-W3-5]; av. 1796 (L. Reynier ds Encyclop. méthod. Agric.). Empr. au b. lat. fastigiatus, class. fastigatus « élevé en pointe », dér. de fastigium « faîte ». » (source)

Autre mot que j’ignorais : « drupe ». Mot-valise formé de « drap » et de « jupe »? Que nenni!

« BOT. Fruit charnu, indéhiscent, renfermant un seul noyau. L’abricot, la pêche, la cerise, la prune, sont des drupes (DG).Le tanguin de Madagascar, employé par les Malgaches dans les épreuves judiciaires, est la drupe du Tangénia (Wurtz, Dict. chim.,t. 3, 1878, p. 186).

Rem. Certains aut. et lexicographes (dont Ac. 1835-1932) attribuent à ce terme le genre masc. : Comme le dattier, le doum sert à tous les usages. Son fruit est un drupe ligneux, désagréable sous la dent et dont la saveur affaiblie rappelle celle du pain d’épice (Du Camp, Nil, 1854, p. 297). Pour la majorité des dict. gén. et spécialisés du xxes., ainsi que pour la plupart des botanistes (cf.Quillet 1965), il est du genre fém. (cf. Lar. 20e-Lar. Lang. fr., Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 372, Méd. Biol. t. 1 1970). »

Structure d’une drude typique, la pêche

Je suppose que vous avez remarqué au passage que les dictionnaires ne sont pas forcément facilitateurs… Que signifie « indéhiscent »?

« BOT. [En parlant d’un fruit ou d’une de ses parties] Qui ne s’ouvre pas naturellement à la maturité et que la radicule est obligée de rompre à la germination des graines. « La graine » chez la betterave est, en réalité, un fruit indéhiscent ou « glomérule » qui contient trois ou quatre graines (Rouberty, Sucr.,1922, p. 25).À maturité le fruit des Ombellifères se sépare en deux moitiés indéhiscentes contenant chacune une graine et constituant un akène (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 407).V. akène ex. 1″

Et ça continue! Akène? Késako?

On peut ne pas être bon en vulgarisation, certes! Mais au moins faut-il l’être en orthographe…

Je vous livre quelques exemples… Dans ce texte, à nouveau, des termes qui peuvent susciter des questions. Si « mellifère » peut être compris par des adeptes de botanique ou des latinistes férus d’étymologie, « drageonne » peut évoquer davantage les animaux fantastiques que le mode

« Les drageons ne mordent pas, Jardinier paresseux

Chez le robinier, les fleurs sont tellement « féminines » qu’elles ont doit à un E supplémentaire!

Un peu plus loin, l’accord de l’adjectif est oublié, et les abeilles ont beau être en grand nombre, il n’y a ni « e » ni « s » à « moult »…. Nous découvrons la sagesse du « tilleul », qui est « sensé »…

Laissons là pédagogie et vulgarisation pour retirer la droiture à l’écrit… pardon pour ce mauvais jeu de mots! ôtons l’ortho pour ne garder que le graphe, avant de refermer le portail du parc pour retrouver la « ville ».

La nuit tombe, il est temps de refermer la porte de ce parc qui, fait exceptionnel, reste ouvert jusqu’à 22h30… et de retrouver l’agitation urbaine, après un coup d’oeil sur le Parc des Sports aux arêtes vives.

Balade au Parc d’Estienne d’Orves. Séquence 3 : au sommet

Après la présentation des acteurs et la montée, voici le troisième volet de cette aventure dans un parc niçois… Le petit groupe est arrivé, suant et transpirant, sur le plateau sommital, et y découvre une belle yeuseraie. Petit arrêt pour écouter l’histoire d’un jeune couple à la Roméo et Juliette… Seule différence, dans celle-ci c’est le père de la jeune fille qui les tue tous les deux. Résultat : une anastomose.

Comment? Vous ne savez pas de quoi il s’agit? Eh bien vous n’êtes pas les seul-e-s… moi non plus. Personne dans le groupe, d’ailleurs… En voici les conséquences en image.

Anastomose expliquée par la légende

Comme vous le voyez, les deux branches se sont rejointes et n’en forment plus qu’une. D’où la légende… Et, pendant que nous y sommes à enrichir le vocabulaire, sachez, si vous l’ignorez, que le même phénomène, sous terre, est désigné par le terme d’anamorphose…

Après les pins d’Alep et l’yeuseraie, une superbe oliveraie, qui a été initiée par Augustin (le vieux). 450 oliviers au total. Ce sont des cailletiers, qui produisent ces olives ovoïdales si particulières qui sont la spécialité de Nice.

Nouvel arrêt, pour cette fois découvrir que La Fontaine a bien raconté n’importe quoi en médisant des cigales, qui cymbalisent autour de nous. Des petits trous dans le sol attestent de la sortie de terre de ces insectes pour leur reproduction unique précédant leur mort.

L’entrée des artistes

Les oeufs sont placés dans des brins d’herbacées. Puis les petites larves descendent dans le sol et vont s’y développer pendant 7 ans, nous explique Antoine, avant d’en ressortir lorsque l’hygrométrie et la température (28 degrés) sont à leur goût. Elles muent alors, ce dont témoignent les nombreuses mues restées sur place, dont voici quelques exemples.

Une étrange procession de fantômes
Mue sur tronc
Mise en scène

Regardez les pattes de devant et leur forme étrange. Elles ont servi pendant des années à ramener l’urine sur la terre enlevée pour faire les galeries souterraines, et la mélanger à celle-ci afin de la transformer en une sorte de « ciment » pour les consolider.

Nous poursuivons la randonnée à travers le plateau et découvrons le chemin par lequel le comte Apraxine venait rejoindre son compère. Puis nouvel arrêt botanique, pour admirer un beau micocoulier, dont Antoine explique avec ferveur qu’il fait partie de notre culture. Prévert a d’ailleurs écrit un beau poème autour de lui, dans Arbres.

C’est son bois qui était souvent utilisé pour faire des fourches. Les enfants aimaient à en cueillir les petits fruits sombres pour s’en régaler malgré leur goût un peu amer…. Enfin, nous apprenons qu’une liqueur en était tirée, pour être distribuée à l’office du soir de Noël : le Sauve-Chrétien.

Celtis Australis ou Micocoulier

Au fait, dans le précédent article, j’ai oublié de vous signaler une autre gourmandise tirée d’un arbre : l’espèce de Nutella que l’on peut faire avec la pâte contenue dans les caroubes… Essayez!

Un peu plus loin je reçois enfin la réponse à une question posée au début de la promenade, intriguée que j’étais par de grandes tiges sans feuilles. Les feuilles, les voici. Souvenez-vous de l’architecture gréco-romaine et des hauts de colonne de certaines de nos églises…

Feuille d’acanthe… au naturel!

Mais les tiges et fleurs, elles, sont bien plus loin. Pourquoi? Les graines « explosent » littéralement et sont projetées loin de la plante d’origine, ce qui explique cette étonnante dispersion.

Vous voyez les fleurs tout au loin?

Nous poursuivons la balade sylvestre jusqu’au sommet où nous avons la désagréable surprise de découvrir… des immeubles modernes! Une partie de la propriété a en effet été revendue et a donné lieu à un gros projet immobilier. Ce qui fait se côtoyer les traces de restanques et le chemin bordé de roquette avec ces monstres colorés et un grillage affreux.

Roquette

Ici autrefois on cultivait en particulier les célèbres oeillets qui étaient stockés dans des étages de villas au plafond bas et aux petites fenêtres toujours ouvertes, avant d’être emballés dans des malles en osier et transportées vers les pays lointains (Angleterre, Russie…).

Une métairie était implantée là, dont subsiste un bâtiment qui se dégrade malheureusement.

Villa La Conque

Une fontaine permet de se rafraîchir et de remplir les gourdes, tout en profitant d’une vue superbe sur la Grande Bleue et le phare de Nice, avant d’entamer la redescente (séquence suivante!)…

Balade au Parc d’Estienne d’Orves. Séquence 2 : de l’orangeraie au Plateau sommital

Un petit mot d’abord pour spécifier l’existence d’un parking gratuit en bas du parc. Eh oui! Dans cette ville où la gratuité du stationnement relève de l’improbable, cela est à souligner. Le rendez-vous avait donc été donné, par le responsable de l’animation, sur ce parking, d’où l’accès est direct sur l’entrée du parc, derrière le lycée Honoré d’Estienne d’Orves.

Celui-ci a été construit à l’emplacement de l’orangeraie du Domaine. Attention ! Ne faites pas comme la Parisienne (d’occasion) que je suis : l’orangeraie n’est pas un édifice tel que celui des Tuileries ou de Versailles. Il s’agissait d’une orangeraie, lieu où l’on plante des orangers et récolte des oranges. A vrai dire, au sens plus large, des agrumes, car dans cette région c’est davantage les citrons qui avaient et ont toujours la cote… Et pas seulement pour le Limoncello!

Villa Sorguebelle

A l’entrée du Parc, la Villa Sorguebelle (Belle Source) porte bien son nom, car juste en-dessous se situe un ancien lavoir et une très belle noria. D’après les informations disponibles, elle daterait de 1740 et aurait été utilisée pour le stockage des agrumes. Logique, car proche de l’orangeraie!

L’ancien lavoir

Je connais bien les norias, pour en avoir vu de nombreuses au Maroc jadis. Mais j’ignorais le nom qu’on donne à celles qui fonctionne à l’énergie animale ou humaine, ce qui était le cas de celle-ci : « noria à sang », comme celle qui a été trouvée au Parc de la Jarre à Marseille.

Une noria bien conservée

Ces éléments appartenaient aux jardins de l’Evêché tout proche autrefois, désormais disparus. Subsistent aussi des restes d’escalier en colimaçon.

Cette partie des jardins a été préservée, et est en cours de restauration, ce qui explique la mauvaise qualité des photographies, prises à contrejour car il est interdit de pénétrer dans l’enceinte… Mais j’y retournerai…

La montée commence doucement, jusqu’au premier lacet marqué par un eucalyptus superbe, d’une taille exceptionnelle. Sachant combien cette essence est réputée dangereuse quand elle atteint une certaine taille (un de mes amis est mort écrasé dans sa tente par un eucalyptus), je m’enquiers auprès du guide de l’explication de sa longévité. D’autant plus qu’il est tout proche du lycée.

Les eucalyptus ont besoin d’eau pour conforter leurs racines. Or il se trouve à cet endroit d’anciennes canalisations qui dateraient de l’époque romaine, et qui, percées, auraient facilité l’approvisionnement en eau de l’arbre… Alliance de la nature et de la culture?

Je ne retiens rien, mais j’aime découvrir. Notez que, plus la mémoire est faible, plus on a l’impression de toujours découvrir… rires…

Au pied de l’eucalyptus, des massifs d’une plante grasse, sorte de palmier nain, dont le guide nous parle longuement. Le « chamaerops humilis ». Attention, « humilis » ne signifie pas qu’on doit l’humilier… Non, simplement qu’il est « à terre » (vous connaissez l’humus?). Et il a une particularité : il est le seul représentant de son espèce. Pas d’autre « chamaerops ». Vous pensez bien qu’il est protégé! Ah si! le « chamerops ». Mais ce n’est pas une plante, c’est un jour de Floréal dans le calendrier républicain, le 14ème pour être précise. Comme quoi, il était déjà connu à cette époque… Ce sont les renards qui en assurent la reproduction.

Grenadier et chamerops humilis

Chemin faisant, je ne puis m’empêcher de tenter des photos pseudo-artistiques des végétaux rencontrés…

Nous continuons à monter tranquillement, jusqu’au moment où notre mentor nous fait emprunter « le raccourci d’Augustin » (attention, pas Augustin 1 mais son petit-fils… L’autre devait être trop vieux pour grimper ce chemin escarpé!!!). L’idée est de nous faire souffrir, c’est sûr, mais aussi de nous montrer des caroubiers… pour nous emmener jusqu’aux diamants. Connaissez-vous le point commun entre l’arbre et le diamant???

Une caroube

La cosse d’un caroubier, la caroube, contient toujours exactement le même poids de graines… et ce poids, c’est le « carat ». Il fallait le deviner!!! Vous connaissez ce poids? 0,2 grammes…

Nous continuons à grimper jusqu’à la plateforme sommitale, dont je vous parlerai bientôt, comme de la villa longée en montant, et où nous nous arrêtames plus longuement au retour…

Balade au Parc Départemental d’Estienne d’Orves. Séquence 1 : les acteurs

Que j’aime découvrir de nouveaux coins de Nice! Et c’est ce que j’ai fait hier… Un Parc, en pleine ville, que je ne connaissais pas… Plus de 14 hectares ignorées de moi!!! Comment est-ce possible? Je l’ignore… et me suis jurée de continuer à dénicher les Parcs et jardins que je n’aurais pas encore visités!

Il faut dire que celui-ci est situé à Nice Ouest, partie de la cité que j’essaie d’éviter au maximum… mais avec laquelle il a commencé à me réconcilier.

Un peu d’histoire, et d’histoires, pour commencer. Car on ne peut comprendre cet espace que si l’on connaît un peu celles et ceux qui l’ont façonné. Dans les commentaires de notre adorable guide Antoine (Animateur des Parcs naturels départementaux), quelques « silhouettes » ont surgi au détour des chemins.
Commençons par un peu de généalogie pour essayer de comprendre qui sont les D’Estienne d’Orves (source : geneanet).

Augustin d’Estienne d’Orves et sa famille

Dans la Nice d’aujourd’hui, c’est surtout Honoré que l’on connaît, dans cette famille. Mais c’est Augustin qui est à l’origine de la propriété dont une partie a été absorbée dans le parc. Petit-fils d’Honoré, et grand-père d’Honoré… Dans cette famille, comme dans beaucoup d’autres à cette époque, on aime redonner les mêmes prénoms… Celui qui a donné son nom à l’un des grands lycées niçois est le petit-fils de l’Augustin dont nous allons parler ici. Enfin, de l’un des Augustin, car il a eu aussi un petit-fils portant son prénom, qui, lui, a continué à aménager la propriété de son aïeul, et que, pour commodité, notre guide surnomma « Augustin 2 ». Vous me suivez?

Augustin est né le 15 août 1798 à Aix-en-Provence. Un peu plus vieux que notre cher Victor, donc, pour vous le situer dans le temps. Et mort presque aussi vieux, à 81 ans, à Nice, le 8 décembre 1979. Son ascendance réunit les familles d’Estienne d’Orves (papa, Louis Laurent Joseph, conseiller au parlement de Provence, a 71 ans quand le petit naît et meurt quand il a 4 ans), et de Miollis (maman est beaucoup plus jeune, mais quand même 37 ans au moment de la naissance, et meurt quand il a 36 ans). Lui-même s’allie par celle qu’il épouse à 26 ans (elle n’en a que 19!), Louise Rosalie Eulalie, aux familles Novaro de Castelvecchio et de Monléon. Pour la suite, voici une copie de la descendance…

Tout cela pour que vous compreniez un peu mieux ce que l’on voit en arrivant dans ce quartier de Nice : une avenue qui porte le nom de la famille et le lycée Honoré idem. Et pour que vous imaginiez ce Monsieur transformant une colline en ce que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Vous vous posez peut-être la question « et pourquoi d’Estienne et d’Orves »? Bon, je prends encore un peu de temps. Les d’Estienne sont connus depuis 1500 environ, et très reliés à l’histoire d’Aix en Provence. Et c’est Joseph-Honoré d’Estienne qui créa la branche d’Orves, au XVIIIème siècle, en épousant Agnès de Martiny, héritière de la terre d’Orves, près de Toulon. Voilà, vous savez tout, ou presque. Et vous rencontrerez dans la balade son petit-fils, créateur du raccourci qui nous a fait souffrir (faire monter des escaliers ardus par cette chaleur avec un masque, cela relève du sadisme…), et une de ses descendantes, Félicie. Sur elle, je ne vous dirai rien, car pour l’instant sur le net je ne rencontre que la Félicie actuelle, artiste connue… mais un spectacle a été monté dans le Parc récemment, autour de cette peintre impressionniste, par Cyrielle et la troupe que j’aime tant, 1,2,3 CAT.

Les exploitants agricoles et autres serviteurs

Qu’il s’agisse de louage ou de métayage, les personnes oeuvrant sur le domaine étaient très nombreuses. Nous retiendrons surtout une famille, celle des Allegretti, qui ont tellement été associés à celui-ci qu’elle a obtenu le droit de rester dans sa demeure située maintenant sur le parc racheté par le Conseil Départemental des Alpes Maritimes! Mais on peut imaginer tout ce petit monde entretenant orangeraie et oliveraie, participant à la production de fruits, légumes et fleurs, assurant l’entretien des chemins et du réseau hydraulique, transformant une colline en vaste domaine sylvicole et agricole… Et, bien sûr, aussi toutes celles et ceux qui construisaient et entretenaient les édifices qui sont encore visibles de nos jours.

Un comte russe

Augustin avait un ami, le comte d’Apraxine. Une famille célèbre dans l’histoire de la Russie. Mais je ne suis pas parvenue à identifier qui était précisément ce comte dont les ancêtres sont si prestigieux, ni pourquoi il était alors à Nice, même si l’on sait combien les Russes ont toujours aimé cette ville.

Les deux compères, aux dires de notre guide, devisaient tranquillement sur la plateforme sommitale, échangeant sur leurs exploitations réciproques, et sans doute d’autres sujets à taire… Le comte montait de sa résidence sise au bas du domaine pour rencontrer son vieux copain…

Ce comte a fondé une institution charitable, destinée à l’accueil de jeunes filles dites alors « aveugles ». Cette institution est devenue de nos jours un ESSMS géré par l’IRSAM: foyer d’accueil occupationnel « Les Bougainvilliers » et foyer d’accueil médicalisé « Les Glycines » situés dans la villa Apraxine, au 49 de l’avenue… d’Estienne d’Orves, bien sûr, qui accueillent toujours des résidents sensoriels, mais sont devenus mixtes…

Voilà dressé le tableau de quelques acteurs dont les fantômes hantent le Parc. Il ne reste plus qu’à y entrer et vous en narrer la visite.. ce sera pour une autre fois…

Promenades estivales. Vers Bercy

Paris 2019 – En allant vers Bercy…

Rejoindre le Parc de Bercy à partir de Reuilly Diderot, tel est le projet en cette journée douce, au soleil voilé.

En flânant dans les rues

La première impression est celle d’une très grande variété architecturale. Elle évoque pour moi un quartier martyr, qui subit destruction et reconstruction en permanence depuis des siècles. Est-ce dû à l’évolution périphérique / central? A la proximité des gares et voies de chemin de fer? A la progressive disparition de l’industrie et d’un type d’artisanat? Ou à tout cela à la fois? Toujours est-il que des ruines récentes en côtoient de plus anciennes, que de petites maisons subsistent difficilement parmi des immeubles de tout style, et que les grands hôtels remplacent progressivement les bâtiments industriels ou autres. Et le chantier est loin d’être fini, à en juger par toutes les destructions en cours…

L’oeil est attiré, parmi tous ces mastodontes à l’esthétisme fluctuant, par une maison complètement anachronique, évoquant plus l’Espagne ou la Camargue qu’un quartier parisien…

Je la connais, cette maison, ou tout au moins j’en connais la façade, que longe un de mes bus. Mais je ne pouvais en imaginer l’arrière… Il s’agit d’un petit hôtel qui a su garder un charme désuet…

Un bout du Parc de Bercy

En entrant dans le parc, je suis séduite par un petit jardin potager, puis floral… et y entre donc pour le visiter. Pas de déception, tout est dans un ordre désordonné, ou un désordre ordonné, comme j’aime…

On y trouve des fruits et légumes tentant d’atteindre ou de garder leur maturité, des plantes invasives qui se fraient difficilement un chemin parmi les plantations domestiquées, et même une belle hutte de feuillages et de framboisiers… Une sculpture étrange attire mon attention…

Nous les accueillons bien volontiers! Mais c’est finalement une magnifique roseraie que je vais admirer, agréablement assise sur un banc ombragé…

Un moment fantastique de douceur et de méditation, à l’issue de cette belle promenade, pleine d’inattendus…