J’avais ce jour-là rendez-vous avec le Grand Cerf.
Non, je ne partais pas à la chasse.
Et je ne me prenais pas non plus pour Bambi !

Il s’agit d’un de ces passages parisiens que j’affectionne. Je décidai donc de m’y rendre à pied, en baguenaudant, à mon habitude. Me voici donc sur le Pont de la Tournelle, celui qui me relie le plus à la rive droite. L’occasion de constater que, depuis la veille, le niveau d’eau avait encore monté.

Si vous comparez ces photos à celles que j’ai déjà postées, vous observerez que le passage en bord du fleuve est de plus en plus difficile, et que l’on ne peut plus accéder aux bancs situés sur la berge sud de l’Ile Saint Louis.

Un petit plaisir en passant, le changement d’angle… rires…

J’observai alors un phénomène étrange : sous le pont suivant, un reflet très brillant… mais reflet de quoi? J’ai passé un bon moment à l’observer, sans parvenir à comprendre ce qui le justifiait.

Rue de la Barre, passage le long de la mairie du 4ème – qui célèbre De Gaulle par une exposition photo -, rue de la Verrerie… je ne vous décris pas le trajet, que j’ai déjà commenté. Le Centre Pompidou fait peau neuve – ou plutôt tuyaux neufs -, et l’on a bien du mal à distinguer ce qui relève de l’édifice moderniste et ce qui est échafaudages… Le Forum des Halles pleure la foule disparue, et le Père Tranquille l’est plus que jamais, désert et tristounet. Même le parvis est calme. Seule l’Eglise Sainte Eustache connaît une certaine animation, car on y sert un petit déjeuner aux plus pauvres… de plus en plus nombreux… En levant les yeux, j’observe un détail étrange.

Grossissez l’image, et vous observerez les nombres en chiffres romains sagement alignés sous le cadran solaire…
Pause au début de la rue Montorgueil, pour un bon vin chaud servi à la terrasse d’une pizzeria. Une belle table ronde semble attendre le/la client-e, et des fauteuils en rotin me tendent les bras, mais la serveuse explique qu’il est interdit de s’y asseoir. Heureusement, quelqu’un de bien malintentionné a cisaillé le fil métallique recouvrant un banc proche, et il est possible d’en profiter, malgré l’interdit.
Un peu d’animation rue Montorgueil, mais quelle tristesse de voir tous ces bars, dont l’un que j’affectionne particulièrement, et tous ces restaurants fermés ou réduits à devenir « fast food »!
Tintin et le Capitaine Haddock dominent toujours, pour mon plus grand plaisir, l’angle avec la rue des Petits Carreaux. En fouinant sur le net, j’avais appris que celle-ci est née d’une scission avec son aînée, et qu’il existait des débats concernant son nom.
La rue Greneta me conduit à un square étonnant, portant le nom de Place Goldoni. Tout simplement parce que le dramaturge italien est mort tout près, rue Dussoubs. Un détour m’a conduite devant la maison qui l’a abrité.

Face à cette demeure d’une sobriété remarquable, un jeu de plaques colorées attire mon regard.

Mais quittons la rue Dussoubs – au fait, saviez-vous qu’elle a porté à une époque le nom de « Gratte-cul »? – pour arriver revenir Place Goldoni.

Le mur faisant face à une école élémentaire est orné de symboles de ballons de football, et deux plaques expliquent aux passant-e-s qu’en tapant avec un ballon sur le mur, on fait pousser les arbres et développer les insectes. Les enseignant-e-s auront ensuite bien du mal à expliquer les phénomènes scientifiques!

Si vous observez ce qui se trouve au-dessus de ces oiseaux stylisés, vous découvrez un morceau d’oeuvre d’art. Il s’agit en effet de La Place des Enfants, oeuvre d’un artiste né en Belgique en 1959, Patrick Corillon.

Voici sa présentation sur Wikipedia:
« L’œuvre occupe un mur aveugle d’une superficie de 666 m2 (39 m de haut sur 23 m de large). Elle est composée de plaques d’acier découpées et colorées, formant les voyelles a, e, i, o, u, écrites à la manière manuscrite ; les couleurs reprennent celles évoquées par Arthur Rimbaud dans son poème Voyelles. »

Il est temps de me diriger vers le Passage du Grand Cerf, mais je me laisse encore distraire, attirée d’abord par un panneau apportant des informations sur la rue sise en face de celui-ci.

Je ne sais si vous parviendrez à le lire, mais ce panonceau explique l’erreur commise, concernant la rue Marie-Stuart, et revient sur son passé, car cette rue abritait jadis des dames…
Une autre curiosité, un peu plus loin, m’entraîne à faire un détour.

Dommage, pas le temps d’aller déguster, mais je me promets d’y revenir… Il est temps maintenant de pénétrer dans le passage qui est ma destination finale. Voici ce qu’en dit un guide.
« En 1825, la maison du « roulage du Grand Cerf », qui était le terminus des Messageries Royales, fut démolie. La date d’ouverture du passage reste imprécise.
Sans doute, vers 1835, il fut ouvert. Le style de la verrière est cependant plus tardif.
Son histoire est étroitement liée à l’histoire du quartier : le quartier Saint-Denis était en 1830 le plus populaire et industrieux de Paris où l’on y trouvait des petites fabriques et des ateliers.
L’apparition de passages plus luxueux fit de l’ombre au Passage du Grand Cerf. Pourtant, la qualité de son architecture mérite une attention. Sa hauteur, 11,80 m, est la plus importante de tous les passages parisiens.
Sa structure en partie métallique permettait de construire deux niveaux de façade entièrement vitrée. L’habitation ne commence qu’à partir du troisième étage. Ainsi, on a pu dire que ce Passage était plutôt destiné à la production et à l’artisanat qu’au luxe et à la vente de ses produits. »
Et c’est encore le cas, comme j’ai pu le constater en discutant dans deux de ses « boutiques ». Mais c’est une autre histoire, que je vous narrerai peut-être plus tard… Je vous laisse découvrir le Passage par images, sans commentaires…


