En réponse au Relais musical, vient d’être posté un lien vers un morceau que je découvre. Et je ne résiste pas à l’envie de vous en parler immédiatement, tant il m’a enthousiasmée. Au sens premier du terme, relatif à la divinité.
Une voix étrange, pouvant atteindre des aigus extrêmes, en harmonie avec l’instrument à vent qui l’accompagne. Ceci pour la première partie, où intervient aussi une guitare électrique.
Le son du oud – vous vous souvenez, j’avais dit que nous y reviendrions sans doute ! c’est fait, et plus tôt que prévu! – jouant avec celui de la clarinette… et le musicien s’agenouillant devant l’autre. Ceci pour la seconde partie.

J’ai donc passé un moment d’envoûtement en écoutant Dhafer Youssef dans Soupir Eternel.
Evidemment, par la suite je suis allée voir quels autres morceaux avait joué ou chanté l’artiste. Il en est une liste assez longue sur You Tube. Le panel est important, mais la diversité est remarquable.
Un quatuor évocateur de la mer parfois, et devenant jazz à d’autres, dans un mouvement croissant de puissance, de rythme et de sonorités, avec Les Ondes orientales, en première partie instrumentale. Puis la voix, cette fois grave, qui entonne un air lent dont j’aimerais comprendre les paroles, pour passer ensuite à cet aigu si particulier, et revenir au grave et au rythme jazz. Quel contraste!
Très différent, ce morceau si émouvant : Fly Shadow Fly, où l’on retrouve cependant toute l’amplitude sonore de la voix. Mais le jazz et le oud reviennent, en seconde partie cette fois. A la fin, de nettes inspirations de la musique soufie, que j’aime tant… certains passages m’ont fait penser à Nusrat Fatih Ali Kahn, par moments.
Enfin, une pièce très prenante, Humankind, ou encore cette autre, Sweet Blasphemy.
Et pour finir, ce poème militant, dit par Mohamed Sghaïer Ouled Ahmed, accompagné par Dhafer Youssef et son orchestre, Cantus lamentus. J’en profite pour évoquer la mémoire de ce poète tunisien, décédé en 2016. Pour moi exemple d’un combattant contre toute forme d’oppression. Croyant réellement laïc, militant contre les pouvoirs non acceptables, et poète engagé… A découvrir si vous ne l’avez jamais vu/lu…
Je n’ai pas de problème
Je n’ai pas de problème
Tout chat que je vois seul errant
Je l’embrasse
Tu es mon fils le grand
Et m’en retourne
À ma solitude
Jamais
Je n’ai de problème
Après dix bouteilles vertes
Dont je ferai les bases de ma cité parfaite
Et nommerai mon commensal à sa tête
Puis ma poésie dictera sa loi
Je ramènerai les soldats à leur devoir sentimental
Et m’en irai
À mon verre oublié
Je n’ai pas de problème
Quand je serai mort
Seuls auront marché derrière moi ma plume
Mes chaussures
Et le rêve des bourreaux
(…)
Je n’ai pas de problème
Quand les fleurs irritent mes poches
Je les dessine avec la plume
Et le drapeau
Et quand ce drapeau dénude mes fils
Je le déchire étoile par étoile
Tandis que je recouds leur nudité
Tandis que j’embrasse la terre sans nommer Dieu
Je n’ai pas de problème
Je n’ai pas de problème.
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri. Source : L’Orient littéraire

Vous l’aurez compris, c’est plus que de la musique, c’est un univers à découvrir, écouter, encore et encore, si vous appréciez la rencontre musique dite orientale et jazz.
Post scriptum
Cela fait près de trois heures que j’écris cet article, et je ne me lasse pas d’écouter la grande variété des oeuvres interprétées par Dhafer Youssef… et j’ajoute encore un morceau, si vous permettez… Digital Prophecy
Merci pour cet article qui dénote une grande ouverture d’esprit : C’est une chance d’être curieux(se) comme une belette (Superbes photos de belettes de Flore Belet), toutes les cultures sont intéressantes, et notamment celles du Maghreb. Quel plaisir quand les cultures se mêlent et s’entremêlent :Dans un concert en hommage au Liban, côte à côte Dhafer Youssef -Voix,Oud),Ibrahim Maalouf -trompettiste libanais) & Bojan Z -pianiste de jazz franco-serbe(https://www.youtube.com/watch?v=ch5FQQVoimA) . On retrouve Dhafer Youssef en compagnie du trio tunisien https(//www.youtube.com/watch?v=PU20sCpoEaM ). Dhafer Youssef , « frère » d’un autre joueur de Oud extraordinaire – Anouar Brahem : « Leila au pays du Carrousel » (https://www.youtube.com/watch?v=Pdt8QfaPn_Q). Dans mon dossier musique Tunisie, une place à part pour l’égérie de « la révolution de Jasmin » – Emel Mathlouthi (1982-) : « Partout où nous regardons, c’est en train de brûler, dans le passé comme dans le présent. Le message, c’est que je voulais tirer une sonnette d’alarme à travers la musique, à travers l’art. » (https://www.youtube.com/watch?v=tAFi_Gqpw8k).. Un grand écrivain (Hermann Hesse) a compris l’importance de la musique ; »Le secret de la musique (c’est) qu’elle n’exige que notre âme, mais qu’elle la veuille toute entière… »
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Pourquoi ne contribueriez-vous pas au blog? J’aimerais un article sur ce sujet mais suis incapable de le faire…
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