Non, je ne vais pas vous faire entendre Dalida… Mais simplement me faire le relais d’une jeune femme qui écrit des paroles pour des chansons. Lorsque je lui ai suggéré de publier un recueil de ses oeuvres, elle m’a répondu que ce n’étaient pas des poèmes, mais des paroles de chansons… Voilà qui a, vous l’imaginez, suscité des réflexions ultérieures… dont je vous fais part ici… et que je vous propose de prolonger. Quelles différences entre les deux?
D’ailleurs, certaines chansons n’ont-elles pas été simplement la mise en musique de textes poétiques? Je pense entre autres à « Je suis venu, calme orphelin… » chanté par Reggiani… Et combien d’auteur-e-s et interprètes de chansons sont tout aussi poètes que les autres? Il n’est qu’à penser à Brassens, parmi tant d’autres, ou à Gainsbourg, qu’on célèbre ces jours-ci.
« C’est la vie.
Lisse comme la Seine en septembre,
Légère comme un tas de cendres,
Douce et fière comme de l’acier,
Froide comme une seconde passée,
La vie c’est à prendre,
Mais jamais à laisser.
La vie c’est l’infini derrière des yeux fermés,
La vie c’est un pari qu’on ne gagnera jamais.
Envier le soleil sur la joue d’un enfant,
Toucher une larme dans l’œil d’un amant,
La sécher dans le creux de son cou,
Etre soi même et devenir fou.
La vie c’est un délit pour ceux qui ont tout dit,
La vie c’est une envie qui crie à l’infini,
La vie c’est un choix qui sans cesse recommence.
Faut-il vraiment se fier à tous ces sens ?
Une collection de souvenirs, tout un tas d’avenirs,
Pour ne pas se faire mal, il faut être fakir.
Peur, désir et oubli de soi,
Frisson d’un soir et peur du lendemain,
Empreinte d’une nuit et grand émoi,
La vie comme une étincelle le long de mes reins,
Me brûle à jamais , chaotique et sublime
Me voilà funambule au dessus de l’abîme,
Me voilà sirène au fond de l’océan,
Me voilà écume, te voilà mon amant.
Tout au creux de tes bras là ou rien ne m’atteint,
Là ou je serais moi , là ou je me sens bien,
Tu feras une danse au hasard de tes mains,
Le temps d’un instant tu seras mon destin.
Mon âme en transe, brûlée de tes yeux bruns,
La chaleur de ton souffle, ce feu qui me ronge,
ton odeur qui m’essouffle, une envie de mensonge,
La vie c’est pas après pas,
Une brusque envie de toi. »
Anne-Laure, janvier 2021
J’apprécie déjà beaucoup la phrase introductrice de sa page Facebook : « Poésie, échecs, musique
et insoutenable légèreté de l’être. »
Et le fait qu’avec d’autres, elle se bat pour la survie de la production et de l’interprétation musicale. Parmi d’autres combats qu’elle livre sans répit et parfois à son détriment. En voici la trace, avec une dédicace « Pour Manu »…
« Quand la norme devient l’énorme
Au royaume des p’tits chiens
les rois sont les borgnes
Au royaume des moutons, les loups sont légion
Au royaume des cons, gagne celui qui cogne
La vraie révolution commence aux balcons
Quand la norme devient l’énorme
Pendant que tu continues ta triste besogne
Fais tes calculs et dirige les opérations
Ecoute bien et entends notre grogne
Arrête de nous prendre pour des pions
Quand à la vie on substitue la mort
A l’envi on remplit les ports
Les ports d’armes, les ports de masques
Les porte-avions, les portes fermées
Jusqu’à ce qu’on en ait plein les basques
Et qu’on veuille tout faire péter
Quand à la vie on substitue la peur
A l’envi on nourrit les abuseurs
Les aboyeurs et les inquisiteurs
Les législateurs et les millions par heure
Alors même que la liberté se meurt
Et qu’on mange tous des pâtes au beurre. »
Résumons-nous.
Elle écrit. A 16 ans, elle avait déjà produit un roman, qu’elle a ensuite détruit…
Elle joue. Aux échecs, en tournoi. A de nombreux autres jeux, où elle gagne souvent!
Elle joue. De la musique : saxo, piano, harmonica, violon… rien ne lui fait peur. Seule. Ou en groupe. En « batucada », lors de la dernière manifestation de Cahors. En famille ou entre ami-e-s. En orchestre, pour du jazz ou d’autres types de musique.
Elle s’intéresse aux formes alternatives de pédagogie.
Elle cultive son jardin. Dans tous les sens que l’on peut donner à cette expression.
Et c’est une merveilleuse photographe. Je vous laisse en juger en visitant ce site.

Bref, comme elle le dit, une « créative », une « subversive », une « inventive ».
Difficile pour de tels êtres de se faire accepter, comprendre, intégrer, « inclure ». La société est si rigide… j’allais écrire si « frigide »…

Vous l’aurez compris, j’ai une grande admiration pour cette femme…