Bon, je suis d’accord avec vous, ce titre n’est pas digne d’un blog censé « se tenir »… Mais je n’ai pu m’empêcher de faire référence à cette vieille chanson entendue moultes fois dans mon enfance. Ce n’est toutefois ni de noir ni de blanc, et encore moins de jeune fille, que je veux vous parler aujourd’hui, mais bien de Boudin, de son prénom Louis-Eugène, né à Honfleur en 1824, et mort tout près de là, à Deauville, âgé de 74 ans. Le voici à l’oeuvre (c’est le cas de le dire!)…
On comprend qu’il ait aimé produire des marines!
Et des marines, on voit, on en déguste, et on s’en lasserait presque, dans cette exposition du Musée Marmottan.
Pourtant, j’aime ce genre, et j’aime ce peintre. Mais il y en a vraiment beaucoup, et la faiblesse de la muséographie n’aide pas à éviter la lassitude. Dommage! J’ai compris pourquoi, lorsqu’à la sortie j’ai découvert qu’il s’agissait d’une collection particulière, celle d’un homme que Beaux-Arts qualifie de « mathématicien fou », Yann Guyonvrac’h. Or celui-ci, réputé « prodige des algorithmes » a réussi, à 52 ans à peine, à réunir une incroyable quantité de tableaux de Boudin!
Mais il n’y a pas que des marines : comme son nom l’indique, ce Breton a aussi focalisé sur sa région, et j’ai découvert de charmants tableaux représentant femmes et paysages de « ma bro » d’adoption. Pour les curieux/euses, un peu de langue : son nom est un ancien surnom breton, signifiant « digne d’avoir des chevaux »….
On voyage donc sur les côtes de Bretagne et de France, mais aussi un peu ailleurs, en particulier à Venise, qui donna du fil à retordre au peintre, la lumière écrasant davantage les reliefs naturels ou architecturaux, ce qui explique peut-être que j’aie trouvé ces tableaux moins intéressants…
Voici donc quelques tableaux que j’ai choisis pour illustrer mes propos… Commençons par le plus évident : sur la mer, il y a des bateaux, et, dans ceux-ci, des marins.
Des pêcheurs, mais aussi la marine marchande, voire la Marine Nationale, comme ici à Brest:
Sur la côte, la population est variée, et l’hétérogénéité des scènes saisies par l’artiste est impressionnante. Tantôt une vie laborieuse…
Tantôt la Haute Société qui tient salon sur le sable, comme ici à Trouville…
Mais on s’éloigne parfois des rivages, pour s’intéresser à la vie des villages, lors de noces ou de marchés, par exemple.
J’ai découvert un aspect du peintre que j’ignorais, plus drôle, voire satirique.
Avec un faible, je l’avoue, pour cette jeune Normande…
Tous les ans, le 15 août, le port de Nice vibre aux couleurs non plus noire et rouge, mais blanche et bleue. Les pointus sont décorés, fleuris, embellis. Les marins se vêtent de blanc, avec une petite touche de bleu. La circulation est suspendue, et la foule assiste à la procession de la Vierge qui sort de l’Eglise de l’Immaculée Conception, face au port, traverse les quais et est embarquée sur un pointu, avec le prêtre qui va bénir les frêles embarcations et leurs propriétaires. Normalement, des pêcheurs. Mais depuis quelques décennies ils se font de plus en plus rares, comme je le disais dans un article où je présentais cette cérémonie. Ensuite, une messe est célébrée sur les quais, en grande pompe, par l’évêque et toutes ses troupes, en présence des élu-e-s, des habitant-e-s et de nombreux touristes, en milieu d’après-midi. C’est une des grandes traditions de la ville, que respectent tous ses habitants, quelles que soient leurs religions ou leur athéisme.
Cette année, pas moyen de trouver trace d’une annonce de ces festivités sur les sites, ni même dans les journaux. Et difficile de voir, sur le site consacré aux horaires des messes, s’il y en aurait une ce jour-là, vers le port. J’ai quand même réussi à en trouver une, annoncée à 18h30 dans l’église dont je parlais plus haut. Curieuse, je m’y rends. Eglise parée de bleu et blanc, mais vide, si l’on excepte quelques grenouilles…
Une Vierge au-dessus de l’autel, une autre sur le côté…
… et le troisième de l’autre côté…
Les cierges rouges ont été complétés par des bleus et blancs, ce qui donne un air républicain à la statue… mais n’est-ce réellement qu’une impression???
Aucune n’est donc de sortie en ce jour de l’Assomption. Pas de fête donc? En fouinant, je découvre une petite affiche sur la porte.
Des personnes errent, en quête de la messe. Je leur montre l’affiche… Il ne leur reste qu’à tenter d’aller voir sur ce quai, situé de l’autre côté que celui où se déroule habituellement les festivités. Aucune procession en vue. Toujours mue par la curiosité, je fais de même. Tiens, tiens, petite agitation du côté des pointus. Et des gerbes de fleurs?
Visiblement, on les prépare!
Je continue à avancer, et aperçois, au loin, d’autres embarcations parées qui défilent dans l’indifférence générale.
Pas de bateau avec prêtre, mais, au loin, j’entends des chants. Je m’approche. Chants nissarts…
Dans un rectangle ceint de barrières, entourés du bleu non de la Vierge mais des uniformes de police, municipale et nationale, et de gendarmerie, plus des soldats armés, quelques personnes sont là pour assister à la messe prévue. On les a fouillées à l’entrée! Et il y a bien un orchestre typique. La Cimarde? Je ne sais, je suis trop loin pour le voir. Je repars donc, et trouve cette fois des équipages qui déchargent les gerbes de leur pointu. Il s’est donc bien passé quelque chose. Une bénédiction en cachette?Quelques Niçois ont compris, et viennent récupérer les fleurs. Des touristes de passage par là demandent s’ils peuvent aussi en avoir. On leur en donne. Et c’est ainsi que j’ai pu offrir à ma voisine, le lendemain, ce joli bouquet…
Jamais je n’aurais pensé photographier Mers-les-Bains et Le Tréport sous cet angle peu « touristique ». Mais l’occasion était trop belle, en ce lundi de Pâques, avec ce double arc-en-ciel qui me faisait de l’oeil!
Et, pour une fois, je n’ai pas haï mon Iphone qui enregistre toutes les photos d’abord en vidéo, car écoutez en regardant ceci :
La vue sur le port tout proche était aussi impressionnante… mais il ne restait plus qu’un bout de l’arc!
Je n’avais jamais vu la côte normande sous la neige. Pas une fine couche, mais une vraie couche de neige. De celles qui vous font regretter de ne pas avoir de skis de fond pour vous déplacer à pied, et qui empêchent les véhicules de circuler normalement. Et voici qu’en ce week-end de début décembre, alors qu’à Paris et Rouen tout ressemblait à un automne grisâtre, le paysage change brutalement entre Rouen et Dieppe, au point que l’on pouvait se demander s’il n’y avait pas eu erreur de destination…
Jugez-en plutôt… Voici le paysage, peu avant Rouen…
Progressivement les couleurs changent…
… jusqu’à ressembler aux contreforts vosgiens.
Et la photo prise à la gare de Dieppe est parlante… Sachant qu’il est environ midi!!!
Je devais attendre en gare les ami-e-s qui venaient m’y chercher, mais la curiosité l’emporta, et je me précipitai (à pas de tortue, car cela glissait très fort!) vers le port d’abord, la Prairie ensuite. Et je ne fus pas déçue!
Comme vous pouvez le constater, le soleil a fait une apparition, timide puis plus affirmée. Et, sur la Prairie, il fait grand beau quand j’arrive…
Mais les nuages reviennent par le sud-ouest, et le château est menacé…
Il est grand temps de regagner le centre ville, et de retrouver mes ami-e-s vers le port, pour leur montrer le magnifique marché de Dieppe. Même les choux, sur les étals, n’ont pas été épargnés!
Je vous ai relaté hier la blague d’un adhérent d’OVS Paris, qui proposait d’aller à la messe à la Madeleine à 5 heures du matin, puis de visiter les toilettes Belle Epoque (qui existent réellement, mais n’ouvrent qu’à 10h), avant de manger une soupe à l’oignon. Suivi par 37 personnes!
Photo empruntée au site Sortir à Paris, légèrement modifiée pour la circonstance…
Pour vous distraire en ce 2 avril un peu terne, voici deux autres farces que j’ai « vécues ». J’ai failli être victime de la première.
Image copiée sur le blog, et légèrement transformée par mes soins…
Je suis depuis longtemps le blog d’un Niçois féru de langue, de littérature et de poésie. Gabriel Grossi tient ce blog, Littérature Portes Ouvertes, depuis 2015, et j’apprécie tout ce qu’il me fait découvrir. Hier matin, il mettait en scène une poétesse niçoise méconnue. Voici l’intégralité de l’article.
« Eurydice Roussel est née en 1957 dans la région de Marseille. Elle a grandi dans un milieu artistique et c’est très tôt qu’elle a découvert sa propre vocation pour l’écriture poétique. Elle a étudié la littérature à l’Université Aix-Marseille et a rapidement commencé à publier ses poèmes dans des revues littéraires.
Ses premiers recueils de poésie, « Les Chants des abysses » et « Les larmes de l’Eternité », ont été très bien accueillis par la critique et ont rapidement attiré l’attention de grands noms de la poésie française contemporaine, tels que Emmanuel Hocquard, Jean-Pierre Siméon et Jean-Luc Nancy.
Eurydice est connue pour ses poèmes symboliques et oniriques qui abordent des thèmes tels que la mémoire, les rêves, la mort, et les relations humaines. Elle a également été très influencée par les philosophies orientales et on retrouve souvent des références à la méditation et à la spiritualité dans son œuvre. Elle a également développé un engagement féministe, qui se reflète dans ses poèmes qui dénoncent les injustices et les inégalités subies par les femmes.
Elle a également collaboré avec d’autres poètes contemporains tels que Edmond Jabès, Yves Bonnefoy et Jacques Dupin pour des lectures de poésie et des projets de création collective.
Ses recueils les plus récents « Les murmures des étoiles » et « Le silence des miroirs » ont été salués par la critique comme des chefs-d’œuvre de la poésie contemporaine française.
En plus de sa carrière de poète, Eurydice Roussel est également une conférencière très recherchée sur les sujets liés à la poésie et à la création artistique. Elle donne régulièrement des lectures de poésie dans des universités et des festivals à travers la France et l’Europe. Eurydice Roussel a également été très engagée dans la cause féministe, en utilisant sa plateforme pour dénoncer les inégalités et les discriminations subies par les femmes. Elle a également participé à des manifestations et des campagnes pour la promotion des droits des femmes.«
Une photo était jointe, photo qui m’avait un peu étonnée : une dame souriante, dans une bibliothèque… un casque sur les oreilles! Mais à l’époque TICophile que nous vivons, pourquoi pas? Et les « témoignages » suivant l’article étaient, eux, très sérieux.
Je n’avais pas le temps d’aller voir ces poèmes, aussi me suis-je promis de le faire plus tard… Eh bien, ce matin, Monsieur Grossi dévoile qu’il s’agit d’une supercherie. « Je n’avais pas le temps d’aller voir ces poèmes, aussi me suis-je promis de le faire plus tard… Eh bien, ce matin, je reçois un courriel dans lequel Monsieur Grossi dévoile qu’il s’agit d’une supercherie.
« Une fois n’est pas coutume, je me suis adonné hier à une petite plaisanterie. C’est mon poisson d’avril pour 2023. Vous l’aurez compris, Eurydice Roussel n’a jamais existé. Mais il y a mieux : j’ai fait rédiger l’article par ChatGPT, et je n’y ai rien changé. J’ai par contre relancé plusieurs fois le robot afin qu’il améliore son écrit. Je lui ai demandé de changer de nom (« Jacques Dupont » était trop banal), de ne citer que des collaborateurs contemporains (une collab avec Rimbaud n’aurait pas du tout été crédible), et d’ajouter des témoignages. Cette capacité à améliorer le texte déjà écrit est vraiment incroyable. On a du souci à se faire… En attendant, je vous souhaite un joyeux 1er avril ! »
Avouez que vous vous seriez peut-être aussi pris au jeu?
L’autre scène se déroule sur la côte picarde où je suis venue profiter du vent du large, large largement venté par une belle tempête. Une amie me montre un article du journal L’Eclaireur. J’aime les journaux locaux qui évoquent si bien la vie quotidienne des invisibles et la prétention des trop visibles, mais je lis l’Informateur. Je n’avais donc pas eu connaissance de cet article, qui titrait sur le projet phare de la ville de Mers-les-Bains. « Phare » dans tous les sens, puisqu’il s’agissait de construire un phare. Et pas n’importe lequel : le phare le plus haut de la côte, d’une hauteur de 45 mètres.
Si vous ne connaissez pas ce joli coin de la côte d’albâtre, vous ne pouvez pas bien comprendre. Aussi vais-je vous y aider. J’ai emprunté une photographie à un autre canard local, le Courrier Picard.
Vous voyez l’entrée du port. Derrière, non visibles sur cette photo, trois espaces portuaires. L’un est destiné aux gros navires commerciaux; le deuxième, aux bateaux de pêche; un port de plaisance complète l’ensemble, relié à la rivière nommée Bresle, qui reliait la Manche à un ancien port situé près du Château de la troisième des « Villes Soeurs », Eu.
L’idée développée dans l’article est d’agrandir le port du Tréport vers Mers-les-Bains… Or voici l’image Google Map (au fait, quelqu’un sait-il/elle supprimer la pub?).
Point besoin d’être grand clerc pour saisir que cela ferait tout bonnement disparaître la majeure partie de la ville! Y compris, soit dit en passant, le magnifique front de mer classé, car datant de la Belle Epoque.
Post scriptum écrit le 3 avril à l’aube
Comme je rendais visite à la galerie de mon amie, celle-là même qui m’avait montré l’article, j’y retrouvai un artiste de Mers, Jack Guerrier, et son épouse. Il et elles étaient tou-te-s trois hilares. Figurez-vous qu’il est l’auteur de la farce! C’est lui qui a rédigé le texte, placé les illustrations, et inséré un titre évoquant le journal… Vous pourrez trouver l’intégralité sur sa page Facebook, mais je vous la recopie.
« Un phare pour Mers les Bains. Une ambition mersoise.
L’ambition pour les élus de la commune de Mers les Bains d’en faire une « VILLE PHARE » va être concrétisée par la construction d’un phare d’une hauteur appréciable de 45 mètres. Il deviendra ainsi le plus haut phare de toute la côte picarde, bien plus haut que celui d’Ault-Onival d’une hauteur de 28 mètres ou que celui du Tréport dont l’attrait attire toujours autant de touristes, malgré ses 14 mètres. Rappelons qu’à Mers les Bains, il subsiste les traces d’un port daté du 18ème siècle à l’entrée de la rue Jules Barni.
Les édiles nous confient : « Mers les Bains n’est plus un port de pêche, son ambition serait de le redevenir. C’est pour cette raison que nous souhaitons ce phare et les infrastructures qui constitueraient la future architecture portuaire complémentaire à celle du Tréport. »
Le projet est d’ores et déjà à l’étude.
L’Éclaireur du 1/4/2023
« La clarté est quand la lumière se fait ». Lao Tsong. »
Et c’est là qu’on constate que l’oeil « répare » les mots (exercice par ailleurs couramment fait dans les stages de récupération de points) : j’avais lu « Lao Tseu ». Sinon peut-être eus-je été alertée? Quoique.Voulant ce matin vérifier l’existence d’un Lao Tsong hypothétique, j’ai trouvé une page Facebook totalement vierge, d’un Lao Mao Tsong. Avec une photo délirante de chat… Peut-être une seconde farce de notre ami Jack?
Il n’en reste pas moins que le quotidien concerné apprécie les poissons d’avril. Il a publié des exemples de poissons d’avril ici ou encore là, pour le pays de Chateaubriant. Non, je n’ai pas commis d’erreur d’orthographe. Vous pouvez en trouver la preuve sur le net.
Comme dit dans l’article précédent, nous étions venu-e-s en famille à Lanton pour déguster les huîtres du crû, sur le conseil des « jeunes » qui fréquentent souvent « Le Cabanon ».
Un petit mot d’abord de l’endroit, fort agréable. Niché au bord du petit port de Cassy, il constitue une grande « cabane » (non tchanquée, comme je le disais précédemment, rien que pour utiliser ce mot surprenant), avec une jolie vue sur le port, qui doit être encore plus agréable depuis la terrasse, rendue inutilisable par le fort vent de ce dimanche de mars.
Qu’à cela ne tienne! L’intérieur est spacieux, et notre table reculée permet de ne pas souffrir du bruit. Certes, la vue est limitée. Mais il reste les tableaux. Je préfère nettement celui du fond, ici, aux autres plus colorés.
L’accueil est chaleureux, et nous commençons par ce que l’on nous présente comme « une sangria blanche », ce que personnellement je nomme « marquise ».
La carte est prometteuse, et le prix des huîtres fort raisonnable si l’on compare à ceux qui sont pratiqués ailleurs.
Quatre douzaines sont immédiatement commandées… mais une à une d’autres suivront… nous atteindrons les 7 douzaines, tant elles sont remarquablement délicieuses, charnues à point.
J’avais appris la veille qu’en pays gascon on les sert avec du pâté, ce que je n’aurais jamais imaginé. Donc, essai, bien sûr. Les deux sont bons, mais pour ma part je les préfère séparés…
Un petit vin blanc pour accompagner, bien évidemment. Chance! J’avais déjà apprécié le Graves blanc, rare dans les restaurants. Et il y en a !
Place maintenant au rizotto de coquilles Saint Jacques, pour les uns, aux crevettes, pour les autres, et aux poissons grillés.
J’apprécie une dorade toute simple, accompagnée d’une pomme de terre en robe des champs avec crème légère.
Certain-e-s ont préféré prendre des brochettes de thon, avec cuisson sur demande.
Et iels ont préféré un peu de rouge pour les accompagner. Encore du Graves!
Je vous passe les desserts (et notamment les excellentes crêpes) et le café. Pas de pousse-café, il faut rentrer ! Une promenade dans un vent de plus en plus fort sera bien digestive…
Le temps est incertain en ce dimanche matin, mais qu’à cela ne tienne, deux voitures se dirigent vaillamment vers le Bassin d’Arcachon pour y fêter un anniversaire.
Je connais le bassin, et apprécie toujours de m’y rendre, mais je n’étais encore jamais allée à Lanton. Mais impossible de se perdre : les autorités ont tout fait pour nous rappeler où nous sommes…
Le petit port de Cassy m’a vraiment séduite. Peut-être parce qu’il est plus que calme en ce dimanche de printemps? Je n’avais jamais vu de canards glisser sur la vase…
… ni de barques amarrées dans des bassins…
Impossible d’ignorer la principale activité du coin quand on longe le port.
Et cela tombe bien, puisque c’est ce que nous sommes venu-e-s déguster! Le repas est prévu dans un « cabanon » ou « cabane« , mais pas « tchanquée » (terme qui signifie littéralement « sur échasses », donc sur pilotis). Je vous parlerai des ripailles dans un autre article.
Quittons le port pour nous diriger vers la plage, en longeant le chenal.
Des bourrasques de vent, très violentes, rendent difficile la promenade sur la plage pour la seule intrépide, visiblement, que je suis. Mais elles présentent l’avantage de faire évoluer rapidement les nuages, et le soleil apparaît donc par moments, pour mon plus grand plaisir.
Rien de tel qu’une promenade sur les « planches » pour répondre à cette question. Quittons donc la Presqu’île de la Touques, mon lieu de résidence, pour gagner la rive gauche et rejoindre la plage… Pour ce faire, trois solutions : aller faire le tour par le pont des Belges, qui relie Trou- et Deau-ville, prendre le bac (mais il ne fonctionne qu’à marée haute (et je ne l’ai pas vu fonctionner du tout…?), ou emprunter le pont situé entre les deux nouvelles tours marquant l’entrée du port. C’est tout naturellement que nous l’empruntâmes, car situé… en face de la résidence! Paresse oblige…
Une des tours vue du balcon
En réalité, l’une des tours est l’ancien phare du port, qui a été rénové et « doublé » d’une tour presque jumelle.
J’apprends bien vite que le quai porte le nom de l’Impératrice Eugénie… « Sur le port de Deauville, au petit matin du 7 septembre 1870, l’Impératrice Eugénie, sur la route de l’exil, embarque depuis ce quai, avec le Docteur T.W. Evans, sur la goélette La Gazelle, afin de rejoindre l’Angleterre. »
La lumière est superbe, en ce matin de janvier à la douce fraîcheur. Un soleil pâle éclaire magnifiquement le port et Trouville…
J’ai malheureusement « raté » la photo de l’entrée du chenal, mais je ne résiste pas à l’envie de la partager quand même avec vous, certaine de votre indulgence.
Un homme veille sur l’entrée de la plage. Son buste est maltraité par les volatiles, marins ou non.
Ce n’est ni un artiste ni un élu. Mais un homme d’affaires, le fondateur du restaurant Maxim’s.
« En 1905, il est sollicité par la municipalité de Trouville-sur-Mer pour prendre la direction du casino de la station balnéaire, ce qui permet ainsi à Trouville de faire venir sur la côte normande une partie de la clientèle parisienne de Cornuché. En 1909, il est envisagé de reconstruire le casino, mais le projet soutenu par Cornuché n’est pas celui qui est retenu ; il donne alors sa démission et s’en va trouver le maire de Deauville, Désiré Le Hoc, à qui il propose son projet4.
Ainsi naît en 1912 le casino de Deauville, contribuant au succès de la station normande5.
Eugène Cornuché meurt le 1er avril 19266 à Paris. C’est son associé François André – l’oncle de Lucien Barrière – qui reprend alors le casino de Deauville. » (Wikipédia)
La plage est déserte. Seuls y courent des chevaux attelés, sans doute en prévision de la course du week-end. Les planches sont aussi bien vides.
Une exposition de photographies un peu « kitch » casse malencontreusement la belle harmonie de ces lieux.
De belles horloges égrènent secondes, minutes et heures. Là aussi, faute de goût : elles ne servent qu’à la publicité, à peine déguisée, de la marque.
Non loin de ce panonceau flambant neuf, un pauvre vieux rouillé évoque un grand peintre, relégué sur un recoin des cabines.
Le seul café de l’endroit est fermé. Impossible donc de boire un café en profitant de la belle vue d’une plage déserte. Dans le lointain la brume occulte un peu l’horreur industrielle…
Le temps est à la pluie en ce samedi de janvier. Mais l’envie de sortir prime. Alors, pourquoi pas un petit restaurant ? Appels en nombre, pour tenter de trouver la perle rare : un restaurant sympa, pas trop cher, accueillant… Mais voilà. Tout est fermé. Soit définitivement, soit pour « vacances ». Les répondeurs s’enchaînent. Certains sont pleins. D’autres n’acceptent pas de messages. Enfin une voix me répond. Une dame, visiblement d’un certain âge, m’explique que son restaurant est fermé depuis une dizaine d’années. Pourtant, il est toujours répertorié comme « ouvert » sur Tripadvisor et consorts! Je lui demande, épuisée par plus d’une heure d’efforts téléphoniques, si elle ne pourrait pas me donner l’adresse d’un de ses collègues, un restaurant ouvert (un samedi, ce n’est quand même pas impossible, pensais-je). Elle me dit d’essayer auprès de « La Chaumière, de l’autre côté ». L’autre côté de quoi? Mystère. J’appelle. Une voix féminine me répond fort aimablement que oui, c’est ouvert, que oui, on sera ravi de nous accueillir, que oui, l’heure n’a pas besoin d’être fixée exactement. Miracle! Il ne reste plus qu’à consulter Waze pour voir combien de temps il faut pour aller de Fouesnant au Guilvinec. Un peu plus de 30 mn. Jouable, donc, puisqu’il n’est pas encore tout à fait midi. Et la vieille Clio de la Vieille Dame (non, pas celle de Babar, mais presque!) s’élance vers le pont qui franchit l’Odet et mène en pays bigouden, de l’autre côté de la frontière (il subsiste un ethnicisme anti-bigouden incroyable chez certaine Bretonne de la Presqu’île… )
Et c’est vraiment une chaumière que je découvre, coincée entre des bâtiments de tous styles, face au port des Demoiselles. Au fait, savez-vous ce que sont ces « demoiselles »? Cherchez, je vous donnerai la solution plus tard…
Une pièce chaleureuse, au sens figuré (accueil de la propriétaire des lieux) comme au sens propre (une table près d’une grande cuisinière dont le feu de bois est bien agréable).
La Dame des lieux nous annonce qu’hélas elle ne pourra pas nous servir de « demoiselles », car les pêcheurs sont privés de leur activité depuis une semaine à cause d’une météo déplorable. Mais la carte est alléchante et propose en entrée d’autres options, comme un foie gras maison (qui se révèlera délicieux) et une assiette de vernis et palourdes farcis. Je demande s’il est possible de n’avoir que les seconds. Elle part consulter la cuisine, et revient avec un accord. Là aussi, grande qualité gustative. La suite du repas? du poisson, bien sûr. Pour moi, des sardines comme je n’en avais jamais mangé. Cuites à point mais pas trop, chair tendre…
Peu de poissons en ce moment, mais merlu et Saint Pierre sont aussi proposés.
Une hôtesse étonnante, venue s’installer ici il y a une dizaine d’années. Elle nous présente son ami ou mari, musicien guitariste, et son aide-cuisinier, une Ukrainienne qui était dans son pays assistante sociale et qu’elle fait travailler pour l’aider. Normande d’origine, elle dit avoir été adoptée par les locaux (comment a-t-elle fait? c’est si difficile de s’intégrer en Finistère!). Catholique, elle adhère cependant à la philosophie bouddhiste (j’avais compté 4 représentations de Bouddha dans la salle et sur la terrasse). Et se déclare heureuse. Bref, vous l’avez compris, une personne extrêmement intéressante selon mes critères.
Le repas fini, balade dans les environs. D’abord, sur le port. Et je comprends que « l’autre côté », c’est le quai d’en face.
Après le port de pêche, les chantiers navals, qui ressemblent parfois à des musées d’art moderne… Puis l’Enclos des phares, avec une exposition de photographies anciennes.
Si je voulais tant revoir le Musée, c’est pour trois raisons : la première, Boudin. J’aime ce peintre, et je me souvenais qu’il y était accueilli. La seconde, ce sont les maquettes de navires, qui avaient frappé mon esprit. La troisième, l’ivoire. Je n’ai pas été déçue… Et j’ai découvert trois autres sources d’intérêt : comme à Honfleur, Boudin y côtoie Saint-Saëns; la collection de peinture évoque avec bonheur l’histoire de Dieppe; et la sculpture, avec divers matériaux, n’y est pas oubliée. Je me propose donc de reprendre tout cela dans l’ordre, avec vous.
Promenade 1. La vie à Dieppe vue par les peintres
Pour celles et ceux qui connaissent la ville, vous reconnaîtrez les quais sud et ouest. Par contre, le pont tournant et le parking ont remplacé ce que l’on peut voir au premier rang, qui donne un caractère assez champêtre à ce qui est maintenant si urbain!
Un petit clin d’oeil à « Karlhiver » : les dames sont en train d’étendre leur linge sur les barrières… Et, puisqu’on parle de lessive… J’ai découvert que les dames faisaient sécher, voire « blanchir » sur la Prairie et les galets. Peut-être les voiles?
Les vues du port ne manquent pas, mais j’en ai choisi une qui m’a rappelé mes terreurs d’enfant.
A l’époque de ce tableau comme à celle de mon enfance, les grands navires partaient vers l’ouest depuis le port qui est désormais réservé aux bateaux de plaisance. Et ils pressaient les voyageurs, puis signalaient leur départ en actionnant des sirènes, dont le son me terrorisait. Plus de voyageurs maintenant, et plus de sirènes : un port extérieur a été construit à cet effet, défendu par d’impressionnants barbelés.
La mode des bains de mer est venue bouleverser la vie des Dieppoises et des Dieppois. J’ai particulièrement été interpellée par ce tableau ovale (au fait, j’ai découvert le tondo, mais comment appelle-t-on un tableau ovale?) représentant la plage de Dieppe au moment de la Première Guerre Mondiale. Regardez bien : on y voit des soldats français, mais aussi des tirailleurs sénégalais…
Chose promise, chose due. Je ne pouvais terminer cette série de tableaux sans Boudin! Il a peint entre autres les falaises du Pollet. Le Pollet, c’est ce que vous voyez au fond quand vous regardez Dieppe depuis le château (voir article précédent). Un village autrefois, dont l’église domine le port. Rattaché à la ville, il a gardé une identité forte encore aujourd’hui.