Chaque jour où je le puis, je vais me coucher dans l’herbe de la prairie, au bord de l’étang, et je lis, je rêve, je contemple les cimes des arbres… en ce moment, j’ai l’impression de « voir » l’herbe pousser, les orties s’envoler, les feuilles grandir… Et, chaque après-midi, l’aurore vient me rendre visite… L’aurore, direz-vous? en plein après-midi? Mais oui, l’aurore… qui volète autour de moi, butine les fleurs de pissenlit qui abondent, puis s’éloigne, se rapproche, voltigeant gaiement.

Alors ce matin, pour que volètent vers vous les ailes du bonheur, j’ai choisi de fêter ces êtres si symboliques de la vie/mort, et d’une forme de liberté… « Minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire, il vagabonde au jardin. » (Francis Ponge)… écho donc aux voiliers d’hier… entre air et mer / air et terre… air éther…
De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu’aimez-vous mieux ? – Moi, les roses ;
– Moi, l’aspect d’un beau pré vert ;
– Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
– Moi, le rossignol qui chante ;
– Et moi, les beaux papillons !
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l’on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l’oiseau !…
Quand revient l’été superbe,
Je m’en vais au bois tout seul :
Je m’étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d’eux à son tour,
Passe comme une pensée
De poésie ou d’amour !
Gérard de Nerval, Les Papillons
Bon, d’accord, celles et ceux qui connaissent la fin du poème savent que j’ai un peu triché, et qu’elle est sinistre… Mais oublions cela… ce passage est tellement en miroir que je n’ai pas voulu m’en ni vous en priver.

J’ai beaucoup hésité avec un autre poème que j’aime, et qui met aussi en scène ces charmants voltigeurs. Pour ne pas alourdir le texte, mais aussi parce qu’hier j’avais déjà emprunté à Lamartine, le voici lu par une inconnue… Je l’ai choisi parce que vous y verrez le texte, mais je préfère de loin la version d’Alain Carré, même si elle est assez classique. Pour un petit moment de musique et de douceur, écoutez sa mise en musique – et en chant – par Caroline Tursun.
Bien sûr, je ne pouvais pas oublier un de mes auteurs favoris, Rûmi… A déguster sans modération…
J’ai en vain recherché de belles séquences de danse autour du papillon. Et j’ai bien trouvé la Valse du Papillon, mais sur un morceau… de Clapton. Néanmoins, à voir, si vous aimez les valses… des interprétations diverses du Papillon d’Offenbach sont accessibles sur la toile, comme celle-ci (mal filmée, mais intéressante) par le Ballet de Santiago. On aime ou on n’aime pas, mais difficile de rester indifférent-e.

Encore un papillon qui se brûle les ailes, mais, cette fois, pour permettre l’amour entre la jeune servante Farfalla et le prince Djalma!
J’avais vu dans un exposition, récemment, un film de la fin du XIXème siècle, présentant cette danse. Une photo qui « fige » la danseuse, Annabel Whitford, en 1897…

De la même époque, une autre danseuse, mais ici, statique, dans sa robe papillon, Loie Fuller.

Et si vous préférez imaginer en écoutant simplement la musique, pas de problème! Dans un tout autre style, Schmetterlingslieder, Vicious Beatz.
Un petit clin d’oeil à un de mes lecteurs, dont la fille est experte en Pole Dance, avec ce « Butterfly » aérien…
Un autre à mes amis basques…
« La mariposa (signifiant papillon en espagnol) est une passe de cape inventée par Marcial Lalanda dans les années 1920 dans laquelle le toro de ne passe pas mais suit de la tête la cape que le torero tient dans son dos et la fait passer tantôt à gauche, tantôt à droite en reculant avec le revers de la cape. L’inconvénient de cette passe est d’inciter le toro à donner des coups de tête et le met sur une attitude défensive.La mariposa (signifiant papillon en espagnol) est une passe de cape inventée par Marcial Lalanda dans les années 1920 dans laquelle le toro de ne passe pas mais suit de la tête la cape que le torero tient dans son dos et la fait passer tantôt à gauche, tantôt à droite en reculant avec le revers de la cape. L’inconvénient de cette passe est d’inciter le toro à donner des coups de tête et le met sur une attitude défensive.La mariposa (signifiant papillon en espagnol) est une passe de cape inventée par Marcial Lalanda dans les années 1920 dans laquelle le toro de ne passe pas mais suit de la tête la cape que le torero tient dans son dos et la fait passer tantôt à gauche, tantôt à droite en reculant avec le revers de la cape. L’inconvénient de cette passe est d’inciter le toro à donner des coups de tête et le met sur une attitude défensive. » (source)
Et un moment de rire, avec un groupe autrichien qui a pris le nom de « papillons », « Schmetterlinge », et qui a présenté, en 1977, à l’Eurovision, une chanson satirique sur l’industrie du disque, Boom Boom Boomerang.

Une analyse « poétique » ! « Le chemin du papillon » dans l’oeuvre de Rimbaud (Laurent Zimmermann ) : « De quelle manière, se conclut le « bateau ivre »? Le retour à la terre après l’éclatement de la quille du navire. Rimbaud évoque vers la fin un déplacement : « Un enfant accroupi , plein de tristesse,lâche un bateau frêle comme un papillon de mai. »..Le glorieux navire après avoir traversé les mers ne désire plus que devenir un petit bateau qui navigue sur une flaque d’eau…l’éclatement de la quille un prélude au surgissement dans l’espace du papillon.Le bateau ivre, à partir de ce moment devient une chrysalide. Il était nécessaire que la quille éclate pour qu’arrive le papillon, que puisse se déployer le temps de l’envol.Le poème se prolonge par cet envol devant nos yeux nous appelant à continuer à suivre du regard le papillon qui vient de naître. Ce papillon sorti de sa chrysalide qu’aura été le bateau ivre ne meurt pas, mais continue à vivre dans le poème « Comédie de la soif » : « Les pigeons qui tremblent dans la prairie -Le gibier qui court et qui voit la nuit -La bête des eaux,la bête asservie -Les derniers PAPILLONS… ont soif aussi. » Le poème de Rimbaud est bien quelque chose de proche de ce qu’est un papillon, cette forme mouvante, cette apparition…Emotion attachée à un vol incertain, qui tourne, qui s’approche, qui s’éloigne, qui revient, que la lumière révèle, un instant… Evidemment, la poésie est écriture, elle se fige nécessairement, à l’inverse d’un art de l’effacement comme la danse…L’éclatement,la dispersion…ne sauraient y être que partiels, ponctuels…Pourtant Rimbaud aura inscrit au coeur de son oeuvre cet appel impossible…à autre chose…vers cette « soif » qui habite les coeurs humains, sans raison, sans terme, que rien ne saurait figer dans une forme… » Le texte était trois fois plus long : j’ai effectué un découpage arbitraire selon mon « plaisir nomade ». (Cairn.info/revue-poétique)
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